Cédric LuquetCoach Luquet prend les rênes

Après avoir évolué au sein de la défense des Maohis, Cédric Luquet va, dès la saison à venir passer sur le banc pour emmener, de concert avec Doryan Riffaud, la troupe qu'il menait jusqu'ici seul. Il revient sur l'ensemble des circonstances qui l'ont amené à ce choix et nous livre sa vision de ce que devra être cette saison 2015-2016.

 

Cédric, la fin de la saison dernière a, dans un premier temps, vu l'annonce de ton arrêt en tant que joueur. Qu'est ce qui a motivé ce choix ?

Mon arrêt en tant que joueur s'est plus imposé de lui-même que par réel choix. Cela fait maintenant deux ans et demi que je travaille à Dax, avec un rythme aux urgences qui fait que je travaille par « journée » de 24h et quasiment un week-end sur deux. Ce n’est selon moi plus compatible avec le niveau d’investissement qu’implique la Nationale 2 dans ce sport.

Je ne m’entraînais qu'une fois tous les dix jours, je prenais la voiture en sortant de mes nuits pour jouer des matchs le soir même et, même si j’arrivais à compenser sur le terrain par certains aspects, mon niveau ne me plaisait plus. Physiquement les aller retour devenaient durs, bref c'est la somme de petites choses qui font que j’ai même hésité à changer de club pour évoluer en Nationale 2 à Anglet, qui est plus proche de chez moi mais je n’aurais quand même pas pu m’investir de façon sérieuse et régulière, j’ai donc pris le parti d’arrêter. J’ai pris l'option de me remettre à la glace en loisirs pour continuer à pratique ce sport que j’aime.

 

Et pourtant on va maintenant te voir sur le banc des Maohis les soirs de match pour diriger l'équipe première. Comment cela s'est il décidé ?

Pour ce qui est du coaching, Delphine Martinez et Doryan Riffaud m’ont appelé en début d’été pour me proposer cette idée. C’était arrivé quelquefois ces deux dernières années que je me retrouve à coacher l’équipe de N2 lorsque j’étais blessé (comme ce fut le cas avec une déchirure musculaire sur le dernier plateau des playdown).

J’avais vraiment adoré cette expérience et j’avais des retours du groupe plutôt positifs. Les résultats bien qu'honorables ne m'avaient pourtant pas plus encouragé que cela à explorer cet axe mais je m’étais dit que garder ce rôle pour plus tard n'était pas bête. Le fait est qu’à ce moment j’estimais que j’avais encore l’âge de jouer.

J'ai pris le temps de discuter avec Doryan et, au vu de mon ancienneté dans le groupe et le fait qu’on soit ami dans la vie il m'a semblé normal de lui faire part de ma réflexion à la suite de cette expérience.

Après une, voir deux années difficiles il y avait forcément des enseignements à tirer et, étant dans le groupe des joueurs, j’avais un regard différent de celui de Doryan. Il me paraissait en effet nécessaire qu'il prenne du recul surtout pour ce qui est de la question du management sur le banc. Jouer et coacher en même temps est à mes yeux quasiment impossible : on ne peut pas tout voir depuis le terrain, les analyses sont forcément biaisées et du coup les joueurs ont une impression d’analyse pas toujours juste. Il en convenait et c’est là où il m’a proposé le poste.

 

Cédric LuquetEst-ce une décision que tu as pris facilement ou t'as t'il fallu un temps de réflexion (pour poser certaines conditions par exemple) ?

J'ai dis oui à Delphine et Doryan sans vraiment avoir besoin de me laisser un délai de réflexion. Premièrement parce que j’ai été honoré qu’ils pensent tous les deux à moi pour ce poste. Deuxièmement pour aider ce club qui m’a beaucoup donné et à l’ambiance amicale et familiale sans égale où tout le monde est volontaire. Et troisièmement parce que le projet m’intéressait.

Les seules conditions posées ont été que Doryan, à partir du vendredi soir, devienne joueur au même titre que les autres membres du groupe. A partir de là je m’occupe du reste. On aura bien évidemment des contacts nombreux dans la semaine et après les matchs pour préparer et débriefer, mais je voulais que lors du match il s’efface et puisse entièrement se consacrer à son devoir sur le terrain.

Je gèrerai donc le groupe à plusieurs niveaux : préparation d’avant match, discours, rotations, choix tactiques sans avoir à en parler avec lui. Ce n'est qu'après le match qu'on débriefera.

On s’entend assez bien pour avoir pleinement confiance l’un en l’autre et pour se dire les choses qui ne vont pas. C’était la seule chose sur laquelle j’ai insisté même si Doryan et Delphine étaient très clairs à ce sujet dès le début.    

                         

Quels sont les objectifs ? Que ce soit pour toi ou le club.

Pour les objectifs, ils vont forcément dépendre de l’effectif qui participera à l’aventure N2. Cela fait plusieurs saisons que nous perdons des joueurs importants pour des raisons personnelles, professionnelles ou sportives ce que je comprends parfaitement.

L’année passée ayant était éprouvante moralement, nous perdons encore des joueurs et pas des moindres. Mon ami dans la vie Romain Coste rejoint Saint Médard pour un projet ambitieux, Elliot Ardouin se voit contraint de bouger pour les études et j’en passe…

Si ces départs ne sont pas compensés on sera honnête avec nous même et on essaiera de se maintenir en Nationale 2.

Mon objectif personnel est plus simple : prendre du plaisir avec le groupe que j’aurais et faire que le duo Riffaud-Luquet attire du monde et élève le niveau de jeu.

 

Doryan soulignait l'importance de la Nationale 3 comme réserve où puiser. Quelle vision as-tu de ce groupe ? As-tu déjà en tête des éléments potentiellement intégrable au groupe N2 ?

L'an passé le groupe N3 a montré des choses intéressantes mais aussi quelques inconstances. C'est un groupe ou le niveau est éclectique...en fait comme la N2 ! Quelques joueurs ont déjà été appelés avec l'équipe première la saison passée et même si leurs présences sur le terrain ont été moindres, leur engagement et leur volonté ont été parfaits, je m'en souviens bien pour avoir coaché quelques match où ils étaient appelés. Il est donc clair que certains joueurs sont en effet amenés à être appelé avec le groupe de cette année je pense notamment à Johnny Maire, Baptiste B. , David Georget et la liste est non exhaustive... Même des éléments encore un peu « justes » pourraient être appelés pour justement apprendre ce que donne le niveau d'au-dessus.

Cédric Luquet

 

La saison passée a été difficile pour l'équipe qui a lutté pour ne pas descendre jusqu'au dernier plateau de maintien. Comment as-tu vécu ce passage et quel(s) enseignement(s) en tires-tu pour aborder la saison qui s'en vient ?

Difficile oui c’est le terme minimum. Disons carrément qu’elle a été plus qu’éprouvante !!! D’un point du vue personnel j’ai pris peu de plaisir du fait de mon niveau de jeu et du mon manque d’entraînement qui m’ont d'ailleurs valu plusieurs blessures.

D’un point de vue collectif on est passé par tous les sentiments : de la victoire à domicile contre St Médard à la débâcle de Cholet et pour finir sur deux phases finales sans faute.

Sur le plan mental, on a été plus solide que les années passées même dans les moments difficiles.

Je peux me remémorer cette année sans amertume ni énorme regrets même si je pense que nous n’étions pas loin de la place qui nous était promise en début de saison. J’ai assez d’expérience et de recul maintenant pour ne pas être dégoûté de ce que nous avons traversé. Tarbes était largement au dessus techniquement, St Médard et Anglet également. Colomiers a énormément progressé et même si le match aller avait été accroché ils nous étaient supérieurs. Toulouse malgré le respect que j’ai pour eux nous étaient légèrement inférieurs (mais ils ont montré avec brio en phase finale qu'ils méritaient largement leur place en N2). Quand à La Rochelle et Cholet c’était des équipes à notre niveau mais qui, soit par le talent individuel soit par la réussite ou la malice, nous ont dépassé.

Les enseignements à tirer sont nombreux de mon point de vue :

  • L’implication collective et personnelle que chacun d’entre nous a pu mettre n’a pas été linéaire sur la saison (pour diverses raisons, et qui sont toutes recevables). Mais, et il y a un gros mais, il faut que les choses soient claires dès le début de saison avec l’effectif à savoir : nos objectifs et quel type de hockey veut on jouer.
  • Faut-il garder cette idée de groupe fermé et des entraînements « à la carte » ou récompenser le mérite de ceux qui s’investissent à fond et étendre le groupe ? L’an dernier nous étions limités en nombre et nous n’avons quasiment jamais eu la même équipe sur toute la saison : Si on ne prend que mon exemple je travaillais à Dax, ne m’entraînais pas régulièrement mais je jouais quand même du fait de mon expérience, de mes qualités intrinsèques et aussi de mon style de jeu où j’amenais une certaine malice sur le terrain (d’autres diront peu fair-play - chacun le voit comme il veut). Cela avait été décidé comme ça plus ou moins au début et aussi car on n’avait pas assez de monde dans l’effectif pour se passer de ceux qui étaient disponibles les jours de match même si ils n’étaient pas présents la semaine. Cela risque de changer cette année car cela peut aussi démotiver ceux qui se donnent toute l’année et qui se retrouvent à moins jouer à cause de types comme moi. On en discutera tous ensemble dès que l’effectif sera connu.
  • Autres point : le coaching pendant le match. J’en ai parlé à Doryan. Cela nous a fait défaut l’an dernier mais la raison est facilement trouvable : Doryan ne pouvait pas être partout, tout voir en même temps que penser à jouer c’est techniquement impossible à ce niveau. Et en même temps si vous laissez le choix à chaque joueur de donner son avis sur la tactique à observer vous n’obtenez rien. Il fallait quelqu’un d’extérieur au jeu sur le banc pour les matchs.
  • Enfin et  on en a déjà discuté en interne il y aura aussi des modifications sur le contenu des entraînements.

 

Comment fonctionnerez vous toi et Doryan ?

Le fonctionnement est simple et en même temps très interactif.

Doryan gèrera les entraînements comme il l’entend mais on communiquera sur les phases de jeu et de tactique que l’on veut améliorer. J’essaierai quand il me sera possible d’assister aux entraînements pour observer et/ou les diriger si ça peut soulager Doryan.

On communiquera plusieurs fois dans la semaine et dans les deux sens :

  • Lui pour me dire ce qu’il a travaillé la semaine et ce qu’il attend en termes de jeu. Il fera le retour de performances des joueurs pendant les séances et avant les matchs l’effectif qu’il aimerait avoir et que je respecterai ou modifierai. Après les matchs on reviendra sur mes choix et si besoin mes modifications tactiques et leurs raisons.
  • Moi pour lui dire ce que j’aimerais améliorer et qu’il fasse travailler au groupe et à chacun. Après les matchs, mon retour sur les performances de chacun, les points forts, les points faibles.

Le but n'est pas de bouleverser le travail que Doryan produit en amont mais de le compléter et de pouvoir l’adapter au moment présent s'il le faut.

Il attend de moi que j’amène mon expérience et mes retours extérieurs sur le jeu et que je m’adapte. Pas forcément juste que je suive à la lettre la feuille de route qu’il me propose.

Ce n’est possible que car nous nous connaissons depuis des années, nous sommes amis et nous les sommes assez pour se dire les choses même si elles doivent être désagréables à entendre et sans  rancune. L'essentiel est d’apporter un plus à l’autre pas de n’en faire qu’a sa tête chacun de son côté pour avoir plus raison que l’autre.

 

Cédric LuquetLe groupe te connaît bien mais tu le connais aussi, comment se positionner vis à vis d'anciens coéquipiers avec qui on a partagé tant de moments ? Y a t'il une seule attitude possible ?

Ils ont pu me voir a l’œuvre quelques fois pour certains je suis surtout dans la communication sur le banc pour relever ce qui va ou ce qui ne va pas. Je ne suis pas adepte d’engueuler un joueur, nous somme une équipe ! Mais, ami ou pas, je serai coach et sanctionnerai ce qui doit l’être s'il le faut. Une fois le débriefe fait, je sors de mon rôle et oublie tous les conflits. Il n’y aura pas de passe-droit c’est sûr et je compterai sur chacun dans le rôle qui lui sera attribué dans l’équipe. Je préfère largement récompenser un bon comportement que d’en sanctionner un mauvais.

Je ne serai plus leur coéquipier, cette période est finie et il faut essayer de faire qu’ils ne me voient plus comme ça mais ils sont tous assez grand pour le comprendre.

J’ai une philosophie du jeu qui est différente de  beaucoup de monde mais je sais aussi m’adapter et donc j’essaierai de convaincre plus que d’imposer.

 

Merci Cédric, nous te souhaitons le meilleur pour cette nouvelle aventure. Un dernier mot peut-être ?

La saison va être dure mais il y a moyen de faire quelque chose de grand en surprenant notre monde. A tous les amateurs de hockey qui veulent venir relever ce challenge avec un club familial vous êtes les bienvenus !

 


P. Villey (Crédits photos : Focale 8 - Photographe officiel du SPUC Roller, tous droits réservés)

 

 

 

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