Odré RauscherMiss Maohi en bleue

Si cela peut paraitre anecdotique pour nombre de club, il s'agit d'un évènement pour un club comme le nôtre. Odré Rauscher, pur produit de la formation pessacaise, s'envolera demain pour Voiron afin de participer au stage de l'Équipe de France féminine qui prépare les championnats du monde. Rencontre avec "Miss Maohi".

 

Bonjour Audrey, on vient d'apprendre ta convocation dans le groupe France  pour la prochaine réunion  et à cette occasion on voudrait te connaître un peu plus. Peux-tu te présenter brièvement ? 

Je m'appelle Audrey Rauscher (NLDR : prononcez Rauschère si vous voulez êtes copain avec elle), j'ai 25 ans et j'en aurais 26 le premier jour du stage qui est le 3 avril. 

J'ai commencé à Pessac par le roller freestyle. J'ai connu cette discipline par une amie de l'époque et j'y ai également entrainé le groupe du SPUC Roller pendant 7 ans en décrochant un titre de championne de France de la discipline avant de basculer dans le Roller Hockey.  Etant donné que j'avais la sensation d'avoir fait le tour du freestyle et que je voulais voir autre chose je me suis investie plus dans ce domaine où j'ai commencé petit à petit avec la Pré-Nationale, ensuite la N3 toujours à Pessac et les féminines à Bordeaux et c'est aussi de cette manière que j'ai rencontré mon mari...qui d'ailleurs entraine les Maohis.

 

Cela fait déjà donc un moment que tu parcours les pistes. 

Depuis l'âge de 13 ans en gros.

 

Odré Rauscher

Et aujourd'hui à quel point es-tu rendue ? 

Aujourd'hui je joue avec les féminines aux Aloses pour lesquelles je suis en prêt depuis 3 saisons en même temps que j'évolue aux Maohis de Pessac. Chez les garçons j'évolue en Nationale 3, je prends également part aux séances d'entrainements de la Nationale 2 et avec la Pré-Nationale je peaufine ma confiance et ma solidité sur quelques plateaux.

 

Tu es la seule fille Chez les Maohis de Pessac dans la section roller hockey, ce n'est pas trop dur au milieu de tous ces garçons ?

Beaucoup de filles sont passées et ont essayé, mais je suis la seule restante. Il faut un peu de caractère quand même quand on est une féminine et même si ça se joue aux patins souvent, parfois quand tu prends le dessus régulièrement sur un adversaire masculin pendant un match, l'éventuelle retenue qu'il pouvait avoir s'efface complètement pour jouer d'égal à égal. L'effet de surprise passé on retrouve l'adversaire qui veut s'imposer face à la féminine, ça arrive et on se renforce comme ça aussi. 

 

Quel est, au-delà du plaisir de jouer, l'intérêt d'évoluer sur différentes divisions ? 

Ça me permet de voir les différences tactiques, différents manières de jouer et d'entrainer. Je le fais surtout aussi parce que j'aime jouer et à aucun moment je n'avais l'idée fixe ou comme objectif prioritaire d'être appelée chez les Bleues. 

Aujourd'hui (après 3 ans d'évolution chez les féminines) je suis appelée pour participer à un stage de l'équipe de France. C'est un début mais pour le moment ce n'est que ça. Quand on l'apprend il y a plein pleins d'émotions et je ne m'y attendais pas du tout. Je savais que le sélectionneur devait m'appeler par l'intermédiaire de mon entraineur mais je ne connaissais pas le sujet de la conversation qui devait avoir lieu. Apprendre que j'étais appelée pour participer à un stage c'est déjà énorme, j'ai passé une magnifique journée. 

 

Odré Rauscher

Les émotions que tu as ressenties à ce moment et celle qui te portent aujourd'hui ? 

A l'instant présent je suis super excitée et il me tarde vraiment d'y être. Il y a aussi un soupçon d''appréhension sur le fait de ne pas y arriver ou de ne pas être à la hauteur aussi. En même temps j'ai envie d'y croire et de faire tout ce qui est possible pour arriver à prolonger ce moment de ma vie. Mais l'échec sur cette convocation ne me pétrifie pas non plus. 

C'est l'entourage qui en fait cristallise plus de fierté, d'attente que ce que tu peux imaginer. En gros ils vivent le moment plus détachés que moi mais on sent que cet évènement les touche énormément aussi, on ne veut pas les décevoir. On a appris ça en même temps avec Marian, mon mari, qui était à côté de moi, c'était magique. 

 L'échéance est proche d'ici juillet et il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Tout est question d'adéquation entre ce que je sais fournir et ce qui est demandé.  Il faut que je passe d'abord cette réunion à venir. 

 

Odré Rauscher

Tu sais un peu ce qui t'attend à Voiron ? 

Concernant le contenu du stage, je n'en sais absolument rien. C'est une première véritable expérience dans un "groupe" France, une ambiance que je n’ai jamais connu auparavant. L'encadrement de Perraudin et Seguy est aussi une bonne chose avec leur expérience et leur vécu.  

 

Tes souhaits sur ce stage 

J'espère bien m'intégrer car ce sera une découverte. J'aimerais gagner en assurance et en confiance à leur contact par exemple. Atteindre si possible le niveau de confiance que j'ai avec le groupe de Pré-Nationale des Maohis qui me permet de m'exprimer et m'affirmer dans le jeu. 

Il y a aussi deux autres filles sélectionnées avec qui j'évolue et que je connais déjà qui me donnent des conseils, me rassurent. Le terrain n'est pas complètement inconnu de ce côté-là. 

Ensuite il faut voir aussi que le niveau global des joueuses c'est l'élite et mon appel dans le groupe est aussi une façon de donner un coup de chapeau à la formation que j'ai reçu en club pour me permettre d'obtenir cette convocation.  

 J'ai eu toutes les bases avec Marian (mon mari) mais j'ai croisé pleins de coachs qui m'ont montré des choses différentes chaque fois. Des visons, des tactiques différentes et c'est appréciable car trouver un club en féminine près de chez soi n'est pas simple du fait de leur faible quantité. Cela me donne l'occasion d'avoir des sessions d'entrainements qui peuvent monter au nombre de quatre ou cinq par semaines. Je profite de tous les créneaux possibles pour m'entrainer. 

Odré Rauscher

Ton mari joue donc une part importante aussi dans cet accomplissement. 

J'ai la chance de m'entrainer presque tous les jours et de pouvoir concilier cela avec ma vie privée. Il est celui qui me soutient dans toutes ces phases et qui est de précieux conseils techniquement et même au niveau de la préparation physique. Le palier physique que j'ai atteint à ce jour est en grande partie dû au travail fait en complément avec lui en dehors des parquets et des rencontres disputées en Pré-Nationale dont il s'occupe. 

 On livre de bonnes parties avec ce dernier groupe cette saison et quand je sors des plateaux, que je fais un peu le bilan à chaque fin de journée je sais que j'ai été solide, aussi bien dans le contrôle ou le positionnement. Ce sont ces bases que je veux maintenir à des niveaux plus élevés à partir de maintenant. 

Tu penses aussi à plus loin, ton rôle de maman un jour ? 

Si j'ai prévu des bébés, c'est ça la question hein ! Oui bien sûr mais pas sur un horizon donné et il faudra bien se coordonner avec Marian pour jongler sur les horaires des entrainements, des matchs, des biberons etc. (rires)  

Il y a des concessions que l'on fait qui peuvent paraître étranges pour ceux qui ne connaissent pas ma culture vis-à-vis de ce sport mais elles sont naturelles dans notre vie commune. Nous n'avons pas pris de vacances pendant un moment mais c'est en raison parce que s'entrainer et vivre hockey est dans notre mode de fonctionnement. Ma charge auprès du free-style m'a demandé 7 années de travail sans interruption afin de tenir correctement ce poste. D'un autre côté, Marian avec la Nationale 2 et la Pré-Nationale qui a des engagements qu'il tient à honorer, moi avec les trois groupes déjà cités...Aujourd'hui, le planning bien que chargé s'est détendu et permet de prendre du temps pour soi, pour nous du fait de mon unique rôle de joueuse. Il n'y a pas de sacrifices. Pour le moment on fonctionne comme ça et ça nous réussit bien. 

 

Odré Rauscher

Garder un côté féminin dans un sport à connotation masculine c'est simple ? 

 C'est une galère au niveau du vernis à ongles. Le lundi il est fait et à mi- semaine il est à moitié parti à cause des gants... tu es en permanence en train de le refaire : ce sport est une torture de ce point de vue. (Rires)

 

Cette convocation t'ouvre-t-elle d'autres envies, perspectives ? 

La suite après le stage ? Pas d'extrapolation, pas de prétention extravagante...mais aller au bout de l'histoire pour moi avant tout et ceux qui m'entourent et pourquoi pas le titre de championne du monde (sourire) ? Je ne connais pas tellement les autres filles mais au niveau des caractères et de toutes les composantes d'un groupe tu dois pouvoir retrouver ce que l'on vit en Pré-Nationale cette saison où le groupe est soudé et va dans le même sens pour avancer.  Cette équipe est un joyau brut à vivre. Malgré qu'il évolue dans la catégorie la plus basse du championnat sénior ce groupe me permet de prendre confiance, de passer des paliers mentaux. Mais dans tous les groupes où j'évolue j'apprends. La Nationale 2 me fait aussi évoluer techniquement quand je m'entraine avec elle. Je prends tout ce qu'il y a à prendre sur chaque regroupement. 

Celui du 3 avril est à prendre comme il vient et on tirera les enseignements ensuite. 

 


Propos recueillis par P. Villey (Crédits Photos: Focale 8 - photographe officiel du SPUC Roller)

 

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